Accessibilité téléphonique aux personnes sourdes ou malentendantes – le sujet des ressources humaines fait débat.

Tout le monde s’accorde aujourd’hui, enfin, autour de la stratégie de la FFA sur la base du constat fait par ses adhérents, il y de nombreuses années et ignoré par beaucoup pendant cette même période, concernant le manque d’interprètes (raison partielle de l’échec des CRT).

Lorsque la FFA prend connaissance de l’article de Média’Pi du 13 avril 2023 et de l’article publié par Yanous avec une interview de la FNSF, elle constate des informations qui ne correspondent pas à la réalité.

Concernant l’article publié par Média’Pi sous la plume de Mme Estelle Arnoux le 13 avril 2023, la FFA souhaite préciser :

La FFA souhaite également corriger certaines interprétations, affirmations et imprécisions :

Pour finir, la FFA soutient le maintien du master pour le métier d’interprète (en langue des signes notamment) alors qu’il pouvait possiblement être réinterrogé du fait de sa non-concordance avec les responsabilités attachées à ce niveau de diplôme.

De même, la mission de préfiguration qui a émis un rapport, soutenu par les principaux intéressés cités, ne propose rien de concret quant à un plan métiers alors que ce sujet était bien entendu l’élément essentiel de la réflexion à mener par ladite mission pour que la loi puisse enfin s’appliquer efficacement au profit des bénéficiaires comme le législateur le souhaitait. Sans ressources humaines adaptées quelle efficacité attendre, quel que soit le dispositif, universel ou non ? La question est donc quel était l’objectif réel visé par les rédacteurs de ce rapport ? La France est ainsi 29ème au classement des pays européens en nombre d’interprètes en langue des signes par habitant et elle en dispose de 5 fois moins que les Etas Unis (toujours ramené en nombre d’interprètes par habitant)! Le constat est très simple, nos concitoyens sourds et malentendants font partie des citoyens européens ayant l’accès le plus limité à leur société. En conséquence, tout éventuel nouveau dispositif (ou structure dite universelle) et tout simplement la bonne et complète application de la loi de 2016 sont inenvisageables dans ce contexte. Les résultats obtenus depuis l’application de la loi avec 1h par mois accordé à chaque bénéficiaire sont sans appels. Le passage à 3h par mois a bien entendu détérioré la situation. Il est évident que les obligations applicables en 2026 de 5h par mois en 24/7 ne peuvent être maintenues si ce n’est pour les seuls modes de communication autres que la langue des signes.

L’inaction évoquée  ci-avant est constatée également pour les besoins scolaires puisque 130 enfants ont été impactés par une rentrée scolaire sans ressources humaines adaptées cette année. Des étudiants en université ont publié via la FNSF un appel à l’aide face à la pénurie d’interprètes pour suivre leurs cours. C’est pourquoi le plan métier de la FFA, et en particulier son volet licence, est destiné aussi à alimenter différentes filières en souffrance autres que celle de l’interprétariat.

Autre point, comme évoqué plus haut, les affirmations voire interrogations, se doivent d’être documentées et sourcées, il est ainsi tout à fait inapproprié d’évoquer la FFA, sa composition et son fonctionnement, comme le fait Mme Thomas, co-présidente de l’Afils, sans disposer d’informations factuelles. La FFA est une fédération professionnelle, comme celle du bâtiment, de la chimie,… elle est donc composée d’adhérents, qui ne peuvent être par nature que des acteurs économiques. La FFA, à ce titre, n’a donc pas vocation à se substituer à d’autres types d’associations dont l’objet est de regrouper différents profils comme le suggère Mme Thomas. La FFA est articulée autour de différents groupes de travail, dont le groupe métiers, qui se doit de définir les besoins de la profession, comme pour toute autre fédération professionnelle, et de mettre en place les formations nécessaires. Ce groupe métiers est composé d’experts du sujet traité, collaborateurs des membres de la FFA, et dans le cas présent d’universitaires, de professionnels experts, de diplômés membres ou non d’associations d’interprètes et de professionnels sourds.

Pour conclure, la FFA s’interroge sur les différentes prises de position des principaux intéressés cités et notamment des rédacteurs de la lettre ouverte. En effet, à aucun moment ils ne proposent un bilan général du CRT opéré par les opérateurs de téléphonie qui mettrait en évidence deux succès et un insuccès, les chiffres publiés par l’ARCEP pour autant documentent et matérialisent parfaitement le propos. Ils ne font pas plus état des raisons de cet insuccès qui pour autant également sont tout à fait identifiées et sont de deux ordres. Le premier est en effet le nombre d’interprètes formés, le second, essentiel, est l’absence d’appétence des interprètes diplômés d’un master qui aspirent bien entendu à exercer leur métier à un autre niveau que celui consistant à relayer des appels téléphoniques pour passer des commandes auprès de fournisseurs de restauration rapide par exemple. Situation qu’a bien compris et pris en compte la FFA dans ses réflexions sur le plan métiers. Les membres de la FFA contrôlent parfaitement dans leurs organisations respectives la distribution des besoins en fonction du niveau de compétence nécessaire et disposent de procédures d’escalade permettant de solliciter des compétences adaptées dans les situations qui par leur évolution le nécessitent.

Ainsi l’interrogation utilisée dans son titre par Media’Pi « Baisser le niveau d’études des interprètes ? Les réponses de la FFA et de Rogervoice » n’a aucun fondement si ce n’est de communication, à l’initiative et dans l’intérêt de qui ?